2 DEC 2024 | CONFERENCE "« Ne pas tenter d’influencer la musique qui sera jouée » : rite d’improvisation et communauté d’affects dans le Scratch Orchestra et l’interprétation de The Great Learning"

Fondé en 1969 en vue d’interpréter les premiers paragraphes de la partition The Great Learning de Cornelius Cardew, le Scratch Ochestra fut un grand ensemble de musiques expérimentales réunissant aussi bien des musicien·nes professionnel·les que des amateur·rices et des non-musicien·nes.

Sa logique inclusive et son mode de fonctionnement, consignés dans la Draft Constitution, se voulaient une alternative démocratique au conservatisme et à l’élitisme de la musique dite savante. Parmi les nombreuses réalisations de ses membres, un document se distingue par son rôle dans l’organisation même de l’orchestre : les Nature Study Notes. Ce feuillet réunit 152 rites d’improvisation écrits par les membres du Scratch Orchestra et laissés libres de droit afin qu’ils puissent être interprétés par n’importe qui.

Pour les membres du Scratch Orchestra, « un rite d’improvisation n’est pas une composition musicale. Il n’essaie pas d’influencer la musique qui sera jouée. Il peut tout au plus établir une communauté de sentiments, ou un point de départ partagé, par le biais d’un rituel » (The Draft Constitution, 1969).

Matthieu Saladin reviendra dans cette intervention sur les enjeux et les modalités performatives de ces rites. Il s’agira de considérer leurs fonctions dans la vie de l’orchestre et, plus particulièrement, leur statut singulier dans l’échafaudage conceptuel de The Great Learning, comprise comme partition problématisant la possibilité même d’une émancipation collective.

Matthieu Saladin est artiste et professeur des universités en arts plastiques à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, membre de l’Institut ACTE. Sa pratique s’inscrit dans une approche conceptuelle de l’art, réfléchissant sur la production des espaces, l’histoire des formes et des processus de création, ainsi que sur les rapports entre art et société du point de vue économique et politique. Il est représenté par la galerie Salle Principale, à Paris. Sa recherche théorique porte principalement sur l’art sonore, les musiques expérimentales (en particulier leurs relations à l’inaudible) et l’usage de protocoles et de partitions dans la pratique artistique. Il codirige la collection Ohcetecho aux Presses du réel. Son dernier ouvrage est un livre d’entretiens avec le compositeur Alvin Lucier, Le Même et le Différent, paru en 2023 aux Éditions MF. Plus d’informations : www.matthieusaladin.org

2 Décembre 2024 | 12h-14h
ULB, Maison des Arts, Salle de projection